Yin Yang
La divination

La croyance à la divination, définie comme la connaissance des événements futurs ou cachés, a existé chez tous les peuples de l'Antiquité et on la retrouve profondément enracinée dans les sociétés dites «primitives». De nos jours, dans des sociétés postindustrielles, ce genre de préoccupation intéresse encore un assez vaste public, qui ne s'en cache pas.

Dans l'Antiquité, la divination, abstraction faite de son usage populaire, était une institution officielle, ayant un caractère sacré que marque l'étymologie du latin divinatio, de divus, divin. En Grèce comme à Rome, le rôle politique et religieux de cette institution fut considérable et, à ce titre, elle suscita les louanges d'auteurs tels que Platon, Plutarque, les philosophes stoïciens. Quant aux Chaldéo-Babyloniens, ils semblent avoir été de tous les Anciens les plus adonnés aux spéculations astrologiques et aux multiples formes des présages. Chose généralement ignorée, un oracle d'État a subsisté en plein XXème siècle., avant la récente occupation du Tibet par l'armée chinoise.



Le Chariot

Le plus ancien oracle

Le plus ancien des oracles de l'Hellade fut sans doute celui de Dodone en Épire, dont parlent Homère et Eschyle. Ses consultants étaient inspirés par le bruissement d'un chêne dédié à Zeus ou par le murmure d'une source voisine. Le temple de Delphes, consacré à Apollon et à Dionysos était le véritable centre spirituel du monde hellénique.
Du VIIIème au IVème siècle avant notre ère, la pythie y rendait les oracles d'Apollon. Elle était l'intermédiaire entre le dieu et les hommes, et elle était de loin le personnage le plus important du sanctuaire. Au dire de Diodore de Sicile, les premières pythies étaient jeunes et vierges jusqu'à ce qu'un consultant, n'écoutant que ses sens, abusât de l'une d'entre elles. À partir de ce moment, on prit pour pythies des femmes d'une cinquantaine d'années. Celles-ci étaient de simples paysannes des environs qui ne possédaient pas de dons particuliers pour la voyance: elles n'étaient que l'instrument du dieu. Les jours d'oracle, pour se purifier, elles prenaient un bain rituel et revêtaient un habit d'apparat. Puis elles allaient s'installer dans le sanctuaire sur un trépied d'or. Là, elles respiraient l'exhalaison sacrée (pneuma enthousiastikon), de nature hallucinogène, qui montait des fissures du sol. Elles entraient en transe et hurlaient des paroles le plus souvent incompréhensibles, qu'un prêtre (prophêtês) interprétait pour donner une réponse au consultant.
À côté des pythies et des voyants indépendants comme Calchas, il faut placer les bakis et les sibylles. Ces dernières se distinguaient des pythies en ce qu'elles prétendaient tirer la connaissance de l'avenir de certains livres sacrés dont elles étaient les mystérieuses gardiennes (bakis, suivant Pausanias, était le nom que l'on donnait en Béotie à tout homme inspiré par les nymphes).
Prophétesses probablement d'origine asiatique, les sibylles allaient de ville en ville, portant avec elles leurs précieux écrits. Celle dont les livres achetés par Tarquin jouissaient à Rome d'un si grand prestige était, selon Varron, la sibylle d'Érythrée. Ses livres, qu'on appelait par excellence les Livres sibyllins, étaient soigneusement cachés aux yeux du public et confiés à un collège de prêtres, augures et aruspices qu'il fallait consulter avant de prendre une décision intéressant le sort de la collectivité.



Le Bateleur
Les techniques de divination

On peut distinguer parmi les techniques utilisées par les devins, oracles, sorciers, astrologues ou cartomanciens: la prophétie, qui est une intuition pure à l'état de veille; les hallucinations, obtenues par l'absorption de certaines plantes ou médicaments; le sommeil, l'hypnose ou la transe; les procédés divinatoires mathématiques, tels ceux de la géomancie ou de l'astrologie. L'observation du comportement des hommes, des animaux ou des végétaux peut également intervenir, ainsi que les modifications des objets et des êtres inanimés: c'est le cas dans la radiesthésie. Enfin, on peut citer les présages, dont la signification est donnée par la tradition ou par certains documents réservés aux initiés.



Le Fou

L'interprétation des signes

Chez les Hébreux, la loi mosaïque condamnait à mort devins et nécromanciens, mais il était permis d'interpréter les songes à condition de ne pas utiliser les méthodes des «idolâtres». En Orient comme en Occident, les principaux signes extérieurs grâce auxquels on croyait déceler le caractère favorable ou défavorable d'une conjoncture, d'une action à accomplir, étaient les incidents insolites survenant au cours des sacrifices: le vol, le chant et l'appétit des oiseaux, l'aspect présenté par les viscères des animaux immolés à cette intention, quantité de circonstances devenant extraordinaires par coïncidence.
Les Anciens demeuraient conséquents avec leurs croyances en pensant que les dieux ne pouvaient rester indifférents à ce qui se passait dans le cosmos, qu'ils avaient édifié à partir du chaos originel. Parallèlement au déclin de la piété antique, le nombre de diseurs de bonne aventure ne fit qu'augmenter dans le monde gréco-romain. Sous le seul règne de Tibère, on en exila 2 000 en Sardaigne. Ces devins de bas étage avaient une foule de pratiques bizarres, dont plusieurs se sont transmises jusqu'à nous.



La Mort
La cartomancie

La cartomancie, ou la divination au moyen des cartes, est, avec la radiesthésie, la branche la plus moderne de l'art divinatoire. On distingue la cartomancie proprement dite, qui emploie le petit jeu, et la cartomancie occulte, qui se sert du grand jeu. Le premier, ou jeu ordinaire, n'est autre chose que le jeu de 32 cartes. Le grand jeu ou jeu de tarot se compose de 78 cartes numérotées et couvertes de figures diverses. Les 21 premières représentent un messager, le Soleil, la Lune, les étoiles, les saisons, le ciel, la mort, etc. Les 56 suivantes forment quatre séries égales de 14 cartes chacune, distinguées l'une de l'autre par une couleur particulière, bâtons, coupes, épées et deniers qui remplacent les carreaux, cœurs, piques et trèfles du petit jeu. Chaque série donne les points indiqués, de 1 (as) à 10, comme dans le jeu ordinaire, et ceux attribués aux quatre figures, qui varient suivant la couleur. Enfin, la 78e carte du jeu porte l'image du fou.
Dans un tel jeu, chaque carte a une signification déterminée par rapport aux autres et peut se prêter à un très grand nombre de combinaisons. Toutes ces figures paraissent avoir été dessinées sous l'influence de vieilles données traditionnelles; il semble que le tarot se rattache à une doctrine ésotérique dont il serait un vestige plutôt ténébreux, une application d'un ordre inférieur, comparable à l'interprétation divinatoire du Yi King, le fameux livre canonique de l'ancienne Chine.



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